Un cortège coloré a défilé hier après-midi à Strasbourg en direction du Parlement européen pour plaider « la diversité linguistique en Europe ».

« Pluvetas, pluvas, pluvegas... » (*). La météo n'a pourtant pas découragé la manifestation cordiale et bigarrée qui a plaidé hier à Strasbourg pour « une Europe des langues » riche de sa diversité.
 Europa bunto (mosaïque européenne), première du genre, voulait « poser le problème des langues » dans l'Europe désormais à vingt-cinq (DNA du 8 mai).
 « L'élargissement, oui, mais s'il permet l'enrichissement linguistique et culturel », explique Denis-Serge Clopeau, médecin à Saint-Brieuc (Côte d'Armor) et président d'Espéranto-Bretagne. « Déjà les institutions se sont limitées à vingt langues, amputant plus de 50 autres langues parlées en Europe. Et nous craignons, très vite, l'hégémonie de quelques langues, voire d'une seule ».
 Pour lui, l'Europe a une solution pour protéger sa richesse linguistique sans gripper ses institutions : « C'est d'utiliser l'espéranto comme langue auxiliaire ; cette langue peut être un outil du dialogue démocratique, puisqu'elle est facile et permet de parler sur un pied d'égalité. »

Hégémonie linguistique

 L'espéranto - cette langue internationale inventée en 1887 par le Dr Zamenhof - a été en tous cas beaucoup parlé à Strasbourg hier par les quelque 400 manifestants de plusieurs pays européens.
 Place de l'Université, l'espéranto a même été chanté avant que le cortège ne défile jusqu'au Parlement. « Préservons la diversité des langues en Europe ; utilisons l'espéranto », expliquait l'une des nombreuses banderoles. « Non à l'hégémonie linguistique », ont scandé les manifestants.
 Discrets, ont participé au cortège les futurs candidats d'Europe-Démocratie-Espéranto (EDE), un mouvement qui espère se présenter des candidats aux européennes de juin - dont l'alsacien Bruno Schmitt -, ainsi que le groupe espérantophone des Verts.
 Un débat dans un amphithéâtre du Parlement a clos Europa bunto, première édition d'une rencontre que les organisateurs, parmi lesquels l'Alsacien Gilbert Stammbach, aimeraient renouveler.

Jacques Fortier